Bonjour Jean-Luc
Puisque vous m'avez invité à déposer mes longues questions sur le forum, voici déjà la première (en deux sous-questions !)
Sous-question 1
Pourquoi ne distinguez-vous pas entre tonulation véritable et simple mise en valeur d'un degré par son accord de septième de dominante ou de degré 7, sans changement de tonalité (ce qu’on appelait dans mes lectures antérieures, des dominantes secondaires) ?
Jusqu’à présent, lorsque votre manière de présenter les choses était différente, j’arrivais toujours à retomber sur mes pieds : par exemple, vous n’avez jamais parlé à ce stade des accords de sixte italienne, française et allemande que mon auteur fétiche adorait, mais votre manière de présenter le chromatisme les inclut sans le dire, donc je m’y retrouve.
Pour les changements de tonalité en revanche, votre présentation n’est pas équivalente, donc je suis preneur de vos précisions (vu que je ne peux pas contacter l’auteur du livre :-) ). Je détaille ci-après la différence essentielle entre les deux approches.
Dans votre logique, si j’ai bien compris, je sors de la tonalité A par un enchaînement V-x ou VII-I dans la tonalité B. Mais pour revenir dans la tonalité A, il va falloir attendre que j’aie à nouveau un enchaînement V-x ou VII-I dans la tonalité A.
Dans la logique de la dominante secondaire en revanche, la dominante secondaire n’est qu’un embellissement de l’accord dans la tonalité A, et comme on ne sort jamais de la tonalité A, on n’a pas besoin d’y revenir. On doit juste vérifier qu’en enlevant l’accord de dominante secondaire, l’enchaînement des accords restants est cohérent dans la tonalité A.
La plupart du temps, il n’y a pas de différence effective entre les deux approches, car l’enchaînement V-x ou VII-I va arriver très vite pour « revenir » dans la tonalité A. Et c’est pour ça que je ne vous avais pas encore posé la question :-) ! Mais l'heure est venue :-) !
Sous-question 2
La polonaise de Bach offre au moins un exemple de situation où les deux approches ne sont pas équivalentes, me semble-t-il, en l'occurrence entre les mesures 12 et 16.

Dans votre vidéo, on revient en do# mineur au dernier temps de la mesure 14. Mais je n’ai pas d’accord V ni d’accord VII, j’ai un accord II. Certes, j’ai un si# au temps précédent, mais si l’on dit que le deuxième temps est encore en fa# mineur, le si# est purement chromatique, il n’existe pas vraiment. Bref, quelque chose m’échappe. Par ailleurs au premier temps de la mesure 15, il n'y a pas de do#, celui-ci n'arrivera qu'au deuxième temps de la mesure. Donc pour "revenir" en do# mineur à cet endroit-là, je suis obligé d'admettre que cela se fait par un accord VII7 sans fondamentale suivi d'un accord I sans fondamentale.
Si en revanche, l’on considère que la mesure 13, où il n’y a qu’une seule harmonie pour toute la mesure, est un embellissement du premier temps de la mesure 14 et que tout doit se chiffrer en do# mineur, on a :
- mesure 12 : harmonie unique, degré V
- mesure 14 : IV | Ia | II
- mesure 15 : III+ | Ia | V
- mesure 16 : I
On se retrouve ainsi avec un enchaînement en do# mineur qui est : V – (V/IV) – IV – Ia – II – III+ - Ia – V – I
Le bloc V-IV-Ia est classique, comme le bloc Ia-V-I. Ma culture musicale n'est pas suffisante pour savoir si le bloc Ia-II-III+-Ia est largement référencé, mais il fonctionne sans problème grâce à la linéarité de la ligne de basse.
Qu'en pensez-vous ?
J'attends avec hâte la réponse !